Et si on parlait de la pluriethnicité en région?

Pour ce billet, j’ai choisi d’aborder un sujet délicat de notre société soit  la pluriethnicité. En effet, l’une des compétences professionnelles à développer est la capacité à prendre en compte cette réalité présente dans les écoles montréalaises. Pour ma part, je ne suis pas destinée à travailler en contexte montréalais et je me questionne quant à cette compétence. Dans mon milieu, la population est plutôt homogène et d’origine québécoise. Cependant, il y a de plus en plus de gens issus de nationalités différentes qui viennent s’établir sur la rive nord et je trouve que le sort réservé à ces personnes est plus difficile qu’en ville. Toutefois, dans nos cours, c’est toujours de la réalité urbaine dont il est question. Je suis d’avis qu’il serait temps de se questionner sur la réalité vécue par les immigrants en région.

 

 

Dans la classe de ma fille, il y a un petit garçon réfugié d’origine syrienne. Cet enfant a été parachuté dans une classe ordinaire alors qu’il ne parle aucun mot en français. De plus, ses parents sont eux aussi non francophones et ne sont pas du tout bien considérés par les membres de notre communauté. L’autre jour, je travaillais en service de garde au diner dans la classe et j’ai constaté qu’il n’avait presque rien dans sa boîte à lunch. Puisque j’ai remplacé l’éducatrice toute la semaine, j’en ai profité pour observer s’il avait toujours les mêmes choses dans ses lunchs et j’ai réalisé qu’il ne mangeait probablement pas à sa faim. Lorsque j’en ai discuté avec mes collègues, je me suis fait répondre que ces parents-là ne s’occupaient pas bien de leur enfant et se sont mis les dénigrer sans aucune gêne. Au final, après en avoir discuté avec mes supérieurs, nous en sommes arrivés à la conclusion que ses parents n’avaient pas suffisamment d’argent pour donner plus à manger à leur garçon. J’étais attristée d’entendre mes collègues dénigrer cette famille sans avoir pris la peine d’aller à leur rencontre uniquement parce qu’ils venaient d’un autre pays.

 

 

 

De plus, ce petit garçon présente de nombreux problèmes de comportements, ce qui fait en sorte qu’il est encore plus considéré comme un «immigré» et force m’est d’admettre que l’équipe-école ne cherche pas à le comprendre et à l’aider. De mon côté, je me questionne à savoir quelle est sa réalité, puisque personne ne parle le français à la maison à part lui. Je me questionne, car je me dis que cela ne doit pas être facile d’être parachuté dans un nouveau pays, de devoir aller à l’école alors qu’il ne maitrise pas vraiment la langue. Voilà, selon moi, de bonnes raisons pour adopter des comportements non recommandés, dans le but, peut-être, d’avoir un peu d’attention, d’écoute et de compassion. Je ne peux m’empêcher de penser que s’il vivait à Montréal, il aurait probablement eu la chance d’aller dans une classe d’accueil et de côtoyer d’autres enfants de sa nationalité. Alors je me dis qu’il serait bon de se questionner sur la réalité vécue par les immigrants en région et qu’il serait bon de leur offrir davantage de service et de soutien. Le Québec devient de plus en plus pluriethnique et je pense qu’il serait temps de ne plus considérer uniquement Montréal lorsqu’on aborde cette question. Dans un certain sens, les immigrants et réfugiés sont beaucoup plus en souffrance en régions, puisqu’ils se retrouvent dans des milieux où tout le monde est pareil et où leur différence ne fait que favoriser de la méfiance à leur égard, probablement nourrie par une multitude de préjugés et qu’ils n’ont pas de services à leur disposition pour s’assurer de leur bonne immersion dans leur ville d’accueil. Si nous voulons bien cohabiter, il serait grand temps de leur ouvrir les bras et surtout… nos esprits. Ainsi, nous pourrions rencontrer de merveilleuses personnes et nous pourrions nous enrichir mutuellement!


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