Depuis quelques semaines, un élève de la classe présente beaucoup de difficultés à gérer ses émotions au point de commettre des gestes inacceptables. Un matin, lors des ateliers, mon enseignante associée gérait l’atelier dans lequel il était. Lorsqu’un ami l’a battu au jeu de Tic Tac Toe, il s’est fâché et a mordu l’ami en question. Il a donc été convenu avec la T.E.S. qu’il fasse un geste réparateur et qu’il reprenne du temps lors de jeux libres. Lorsque c’est arrivé, je me suis sentie bouleversée pour le petit qui s’était fait mordre.
Étant donné que la mère de cet élève est une bonne amie de mon enseignante associée, nous savions que cet élève allait être sévèrement puni à la maison. D’ailleurs, mon enseignante associée l’avait retiré du système d’émulation, car lorsqu’il revenait à la maison avec un nuage, il avait de trop grandes conséquences à la maison et se désorganisait systématiquement lorsqu’elle baissait son nom dans le soleil-nuage. Depuis, son comportement dégénère et il se désorganise de plus en plus et a choisi un élève présentant des difficultés comme cible. Mon enseignante associée a d’ailleurs essayé plusieurs moyens pour gérer ses comportements autrement que par le système d’émulation. De mon côté, je me questionne de plus en plus quant à l’utilisation ou non d’un système d’émulation. Ce que je constate, c’est que certains élèves fonctionnent mieux lorsqu’ils ont un visuel et des conséquences annoncées et claires, alors que pour d’autres, le système d’émulation est anxiogène et provoque une désorganisation de leur part.
Dans mon cours ASS2067 sur les élèves à risques, il nous a été enseigné que le renforcement positif était toujours à prioriser ou qu’il serait bon de mettre en place des jeux où toute la classe est responsable de faire gagner des points afin d’obtenir des privilèges. Ainsi, depuis le début de mon stage, j’essaie de favoriser le renforcement positif et c’est vrai qu’en général, cela est très efficace. Cependant, il y a des moments où les conséquences sont nécessaires. Dans le cas de l’élève cité plus haut, il est maintenant revenu au système d’émulation, mais il présente tout de même des difficultés à respecter son tour de parole et a tendance à vouloir gérer le groupe à la place de l’adulte. J’ai donc suggéré à mon enseignante associée de lui faire une feuille de route comme pour un autre élève de la classe. Cependant, étant donné qu’elle a caché à la mère de l’élève certains faits afin d’éviter qu’il soit puni trop sévèrement à la maison, elle n’ose pas instaurer une feuille de route.
Étant donné que les élèves qui ont de la difficulté à adopter des comportements appropriés ont besoin de rappels fréquents, il serait important de leur offrir «une démarche claire au regard du code de vie de l’école» (Raby et Charron, Intervenir au préscolaire, p.222). Dans le cas présent, je crois que trop de changements ont été effectués dans ses conséquences, ce qui crée peut-être beaucoup de confusions pour lui. De plus, je crois qu’il a parfois trop d’intervenants autour de lui et les conséquences annoncées par quelqu’un ne font pas toujours l’objet d’un suivi par manque de communication. Ainsi, cet élève a compris qu’il n’aura pas toujours les conséquences annoncées et pourrait sentir un manque d’encadrement.
De ce fait, je me questionne à savoir si l’instauration d’un système d’émulation ne va pas plus loin qu’une simple affiche avec des nuages et des soleils. Je pense qu’un bon système d’émulation implique donc un référentiel visuel comme l’affiche décrite plus haut, mais également d’un bon système de renforcement positif et des conséquences claires et cohérentes. Lorsqu’on parle du système d’émulation dans nos cours, il nous est toujours décrit comme un code de couleurs où les enfants perdent des points. Ce que je réalise, c’est que le système d’émulation est en réalité autant le code de couleur que le renforcement positif, que des points ou des privilèges à accumuler.
Au final, je crois qu’un système d’émulation efficace doit être l’équilibre entre des interventions punitives et des interventions positives. De plus, je crois qu’il devrait y avoir plus de renforcement positif que l’inverse.
Ce que je retiens de cette situation, c’est de ne jamais accepter dans ma classe un enfant d’un ou d’une amie, car je constate que mon enseignante associée se sent vraiment coincée. De plus, ce genre de situation peut amener un manque d’objectivité de la part de toutes les parties. Pour ce qui est du système d’émulation, je reste sans réponse. J’aimerais n’avoir besoin que du renforcement positif, mais malheureusement, je constate que parfois, je suis bien obligée d’admettre que la gestion de classe fonctionne mieux avec l’application du système. Je crois que les élèves se sentent rassurés de connaitre les limites. De plus, l’utilisation cohérente du système d’émulation offre aux élèves une justice qu’ils seront tous traités de la même façon. Mais j’espère vraiment que le jour où j’aurai ma propre classe, j’arriverai à délaisser le système d’émulation en cours d’année afin d’utiliser uniquement le renforcement positif. D’ailleurs, la plus belle classe de suppléance que j’ai eue n’avait aucun système d’émulation!
BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE
Beaulieu, È. (2017). Élèves à risques, en situation de handicap, en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage : notes de cours, ASS2067. Université du Québec à Montréal, Département d’éducation et formation spécialisées.
Raby, C., Charron, A. (2010) Intervenir à l’éducation préscolaire. Anjou : Éditions CEC.
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