L'inclusion bien sûre... mais c'est quoi?

Dans le cadre du cours d’intégration scolaire et modèles d’intervention, (ASS2063) l’apprentissage de plusieurs éléments théoriques aura de l’influence sur ma pratique professionnelle. Parmi ces apprentissages, il y en a certes qui auront un plus grand impact et le texte qui suit vous démontrera de façon plus détaillée certains de ceux-ci.

 

Le premier impact du cours a été de clarifier ma compréhension du concept d’inclusion. Je réalise maintenant que malgré le fait que tous les enfants sont prétendument les bienvenus dans leur école de quartier, il en est tout autre dans la réalité. En effet, si je me réfère à mes expériences de suppléance et de stage, j’ai rencontré des enfants magnifiques qui pourtant ne «cadraient» pas avec le reste du groupe, puisque pour l’ensemble du personnel ils étaient considérés comme n’étant pas à leur place, dérangeants, voire de trop. Comment ces enfants auraient-ils pu alors ne pas ressortir du lot? C’est dans ce contexte précisément que la communauté d’accueil prend tout son sens (Livernoche, 2016).  Si ces enfants, qui ont des besoins particuliers ne sont pas accueillis et respectés dans leur unicité autant par leur enseignante que par leurs pairs, ils ressentiront automatiquement l’impression qu’ils doivent correspondre aux autres. Je réalise à quel point je devrai les accueillir dans ce qu’ils sont, sans vouloir les changer, envoyant ainsi le message au reste du groupe que chacun à sa place bien à lui et qu’il doit faire preuve d’ouverture aux autres. J’aimerais faire en sorte qu’aucun élève ne puisse être pointé du doigt par le simple fait de sa différence. Lors de mon deuxième stage, j’ai animé des cercles philosophiques pour aider les élèves à comprendre et à accueillir un élève TSA parmi eux. Il faut donc que l’enseignante prépare la classe aux différences de tous et c’est pourquoi, en plus d’animer des cercles philosophiques favorisant le sentiment d’appartenance, j’aimerais proposer des activités telles que l’improvisation pour amener les élèves à coopérer dans un contexte ludique les situant en terrain inconnu pour les amener à faire connaissance (Potvin, Nicole, Picher, 2017). Je garde d’ailleurs en mémoire les paroles de Madame Angéla Aucoin dans la vidéo présentée en classe sur l’inclusion scolaire au Nouveau-Brunswick « l’inclusion, ça se fait dans les deux sens […] L’inclusion scolaire, c’est lorsque moi je réalise que je dois changer ma façon de faire.» (Livernoche, 2016).

 

Un autre impact du cours sur ma pratique professionnelle est  l’apprentissage du processus de production de handicap (Doucet, 2018). En effet, cette découverte m’a permis de réaliser que les élèves ne se retrouvent pas en situation de handicap à cause de leurs caractéristiques personnelles, mais bien par la rencontre de ces caractéristiques et d’un environnement non adapté à celles-ci. D’ailleurs, si je me réfère à ma modeste expérience du milieu scolaire, il est vrai que la plupart de mes collègues ont bien souvent attribué les difficultés de leurs élèves à leur diagnostic sans jamais remettre en question leur propre pratique. De ce fait, puisque chacune des caractéristiques personnelles des élèves peut être un facilitateur ou un obstacle selon l’environnement dans lequel l’élève se retrouve, il est primordial que je prenne le temps de bien connaitre chacun d’eux et de me questionner si mes actions sont facilitantes ou nuisibles. Il est donc de mon devoir de veiller à offrir un environnement dans lequel mes élèves pourront évoluer sans être continuellement confrontés à leur handicap créant ainsi une véritable classe inclusive qui mise davantage sur les adaptations universelles (utilisation de l’ordinateur, Word Q, disposition des pupitres, ajout de balles de tennis sur les pattes des chaises, etc.) et d’avoir des attentes justes qui permettent à mes élèves de démontrer leur plein potentiel (Potvin, Nicole, Picher, Roy, 2017). Selon Rhéal Hébert, enseignant en éducation physique au Nouveau-Brunswick, je retiens de faire en sorte de «rendre l’expérience à l’élève aussi juste, aussi authentique […] que possible, qu’il soit mis dans une position qu’il  soit égale aux autres.» (Livernoche, 2016).

 

Un autre impact du cours sur ma future carrière est certainement l’expérimentation que nous avons vécue en classe. En effet, cette activité m’a offert la possibilité de vivre concrètement la réalité d’un enfant présentant un handicap en plus de m’outiller pour adapter mes interventions à cette réalité. Grâce à celle-ci, j’ai découvert les subtilités qui viennent avec une situation de handicap. Par exemple, un élève malentendant ayant la capacité d’entendre certains sons pourrait utiliser ses faibles capacités auditives comme facilitateurs dans certaines situations. Ainsi, deux élèves ayant un handicap similaire n’auront pas nécessairement les mêmes facilitateurs ou obstacles. Lors de la conférence, nous avons vu que pour  Mia, chanter l’aide à diminuer son stress, alors que dans le cas d’un autre élève anxieux, cette action pourrait être plus anxiogène. Je retiens donc de prendre le temps de travailler avec les élèves pour les aider à trouver les meilleures solutions pour eux en les rencontrant individuellement pour en discuter afin de mettre en place les outils ou  les moyens les plus appropriés pour répondre à leurs besoins.  

 

Finalement, le plus gros impact que ce cours aura pour moi est certes la confirmation de vouloir poursuivre mes études en orthopédagogie. Je réalise que ce qui m’importe le plus dans ce métier est la relation d’aide. Étant donné que j’ai grandi auprès d’une mère souffrant de la sclérose en plaques, je suis peut-être plus sensible aux personnes à besoins particuliers. En sortant de chaque séance, je sentais en moi le désir  grandissant de faire la différence pour les élèves trop souvent abandonnés. Je veux être une des personnes qui réussira peut-être à faire une différence dans leur trajectoire de vie. C’est pourquoi j’aimerais poursuivre mes études afin d’être encore plus outillée pour aider  et soutenir ces enfants merveilleux. Dans mon école de stage, j’ai été témoin d’une situation délicate où un élève a été catégorisé «élèves peine perdue», car l’épaisseur de son dossier a réussi à décourager son enseignante de voir au-delà de ses comportements comme tant d’autres auparavant. C’est un enfant blessé qui s’est pourtant ouvert à moi en me confiant son grand besoin d’être simplement entendu. C’est avec ouverture que je l’ai accueilli et écouté sans jugement. Il me reste donc à voir, dans ma situation de stagiaire, comment je pourrai créer un lien de confiance suffisamment solide pour faire le pont avec un intervenant du milieu. Je pense qu’en poursuivant mes études en orthopédagogie, je pourrai avoir le privilège de travailler spécifiquement auprès de ces «enfants trop chambardés dans le cœur» (Gervais, Berthelet, 2009). Ce cours m’aura permis de réaliser que pour moi, la relation est au cœur de tout enseignement et que ce n’est pas le comportement choisi par l’élève, mais bien la raison derrière celui-ci qui me préoccupe. Je crois sincèrement que chaque élève représente des défis uniques qui me permettront de grandir.

 

* Travail personnel produit dans le cadre du cours ASS2063-2018

 

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

 

Doucet, L. (2018). Intégration scolaire et modèles d’intervention : notes de cours, ASS2063. Université du Québec à Montréal, Département d’éducation et formation spécialisées.

Gervais, M et Berthelet, S. (2009). Ces enfants trop chambardés dans le cœur-Histoires d’école, Tome1. Québec : Septembre Éditeur.

Livernoche, B. (réalis.). (2016, 15 mai). Intervention ou inclusion? Dans Société Radio-Canada (prod.), Second Regard. Récupéré de https://ici.radio-canada.ca/tele/second-regard/2015-2016/episodes/363097/integration-ecoles-respect-animaux

 

Potvin, P. Nicole, M.-C., Picher, M.-J. et Roy, A. (2017). Agir dès les premiers signes : Répertoire de pratiques pour prévenir les difficultés de comportement au préscolaire et au primaire. CTREQ. Récupéré de https://www.ctreq.qc.ca/wp-content/uploads/2017/08/Agir_final_aout2017.pdf

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