Arrivée à la fin de ma formation initiale en enseignement au primaire, je réalise qu’un des principaux enjeux dans le milieu de l’éducation est la réussite scolaire. Et avec celle-ci vient inévitablement l’évaluation. Lors de mes trois derniers stages, j’ai réalisé à quel point cette question est sensible. Pire encore, dans ma classe de sixième année, toutes les planifications en mathématique se faisaient en fonction des évaluations prévues par les conseillères pédagogiques. C’est pourquoi l’équipe-niveau était obsédée par l’obligation de passer à travers le cahier d’activités de cette discipline le plus rapidement afin de couvrir toutes les notions prévues pour la prochaine évaluation. Et celles-ci, laissez-moi vous dire, arrivaient à la vitesse-lumière! C’est bien essoufflé que mon enseignante associée et moi arrivions aux évaluations. Mais ce qui est pire dans tout cela, c’est que je ne suis pas réellement convaincue que les élèves avaient compris les concepts sous-jacents et construit de façon adéquate leur conception des notions apprises… Cependant, ils étaient en mesure d’appliquer les techniques et règles propres aux problèmes posés et réussissaient très bien leurs évaluations! N’est-ce pas troublant? Est-ce que je dois comprendre que l’évaluation signifie de permettre aux élèves de passer leur année, et ce, peu importe qu’ils aient compris ou non?
Cette réalité est très à l’opposé de ce que j’ai pourtant appris dans mon cours sur l’évaluation des apprentissages. En effet, j’y ai plutôt appris qu’évaluer signifie davantage porter un jugement sur le niveau de compétence de nos élèves tout comme le stipule la Politique d’évaluation des apprentissages produite par le ministère de l’Éducation.
«L’évaluation est le processus qui consiste à porter un jugement sur les apprentissages, à partir de données recueillies, analysées et interprétées, en vue de décisions pédagogiques et administratives» (Gouvernement du Québec, 2003)
De plus, cette évaluation n’est pas toujours censée être sommative. En effet, celle-ci devait être, la plupart du temps, formative par l’entremise de tâches complexes, afin de permettre aux élèves de s’investir dans leurs apprentissages et de réellement démontrer leurs capacités et leurs compétences. Ces tâches doivent laisser plusieurs traces de ce que les élèves sont en mesure d’accomplir, celles-ci permettront d’ailleurs de faire le portrait de leur évolution. Encore plus, l’évaluation doit être un moyen pour l’enseignant d’ajuster son enseignement selon les besoins du groupe et de certains élèves en particulier.
C’est pourquoi je me questionne vraiment sur le fait que l’évaluation sommative prend non seulement trop de place dans le milieu scolaire, mais demeure incomprise par plusieurs acteurs du système scolaire. Cette façon de faire impose beaucoup de pression aux élèves et ne permet pas nécessairement de rendre compte de façon juste et cohérente du niveau de compétence des élèves. Puisque les modalités d’évaluation sont, selon la Loi sur l’instruction publique (Chapitre II- Section 1- Droits de l’enseignant) le privilège des enseignants, je crois qu’il serait préférable de redonner à ceux-ci leur autonomie professionnelle et de faire confiance en leur jugement ainsi que dans leurs connaissances qu’ils ont de chacun de leurs élèves, puisqu’ils évoluent auprès d’eux au quotidien…
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mallet (mercredi, 01 janvier 2020 10:47)
C'est extrêmement bien écrit et bien relaté.
Bravo madame Isabelle .