La communication orale au cœur de l'enseignement!


Mon portrait de locutrice

            Tout d’abord, il est bien de définir que la communication orale est au centre de tout échange entre deux personnes ou plus et que c’est une façon d’entrer en contact avec les autres. Si elle est, en premier lieu, un moyen d’exprimer ses besoins chez le bambin, elle devient rapidement un moyen utilisé pour se caractériser, se démarquer par rapport aux autres. Le langage est toujours teinté de l’identité du locuteur et c’est pourquoi il est délicat de juger de la qualité de celui-ci sans heurts!

            Pour ce qui est de mon historique personnel, j’ai eu la chance de pratiquer très jeune à m’exprimer en public. En effet, lorsque j’étais enfant, je lisais régulièrement à l’église, et j’y ai fait plusieurs petites saynètes.  J’ai donc développé la capacité à parler en situation de stress, à articuler clairement, lentement, et ce, le plus aisément possible. Cependant, puisque j’étais plutôt timide devant mes camarades de classe, j’étais beaucoup moins performante lors de mes exposés oraux. De plus, j’ai réalisé avec le temps que je préférais m’exprimer sans avoir à défiler un texte appris par cœur. En général, lorsque je m’exprime en public, je me prépare uniquement des points à ne pas oublier, mais sinon, je préfère me lancer sans balises. Ce qui m’a permis de mieux réussir mes exposés oraux lors de mon parcours au secondaire.

            Par la suite, j’ai poursuivi mes études à l’université en chant  classique, donc vous vous doutez que l’expression par la voix est pour moi, un champ que j’aime! Durant mes études postsecondaires, j’ai fait du théâtre et des cours de diction dans des langues variées et  donc, j’ai beaucoup travaillé en fonction de la phonétique et perfectionné ma prononciation. Dans mon métier de chanteuse, j’ai appris à communiquer par le regard avec un auditoire et travaillé en théâtre l’intonation. Cependant, je n’ai malheureusement pas travaillé à m’exprimer couramment dans un langage familier. Donc, je considère que j’ai encore beaucoup à apprendre dans ce domaine!

            L’expérience que j’ai vécue en travaillant dans le milieu scolaire durant l’année précédente m’a appris à quel point il est important de parler plus lentement aux enfants, et ce, de façon concise. Au début, j’ai dû m’ajuster, car je parlais souvent trop rapidement et j’utilisais un vocabulaire complexe. Il faut parler le mieux possible, dans un vocabulaire clair, précis, mais qui est significatif pour eux. J’ai réalisé que parfois, il pouvait être bon de prendre un langage très près de celui des enfants afin d’instaurer la confiance ou d’attirer l’attention sur le message que l’on veut livrer. De plus, je sais que j’ai tendance à m’exprimer trop vite lorsque je suis nerveuse ou fébrile ce qui a pour conséquence que j’escamote certains mots et aussi, que j’ai une petite tendance à parler sur le bout de la langue, ce qui me fait trébucher sur certains mots surtout lorsque je suis fatiguée! Donc, je devrai travailler ces points surtout lorsque je devrai discuter avec des parents, mes collègues ou mes supérieurs!

 

Mon rôle de modèle linguistique

         Maintenant que je me suis arrêté sur mon portrait de locutrice, la question sur la manière d’aborder la communication orale demeure! Étant donné que la façon de s’exprimer d’un individu est étroitement liée à  son identité, il est important d’aborder la question des registres de langage avec délicatesse. Je crois qu’il est bien de garder en tête la diversité des bagages des élèves et de les amener à construire leurs connaissances à partir de ceux-ci. Cela est d’autant plus juste en contexte pluriethnique. En effet, un enfant qui n’aurait pas le français comme langue maternelle devrait apprendre en ayant sa propre langue comme point de référence. Si le programme de la formation de l’école québécoise demande de construire à partir de l’apprenant, il est primordial que l’enseignant ait recours au bagage personnel de l’élève pour faire des comparaisons, ce qui sera beaucoup plus significatif pour lui. Lui demander de mettre de côté sa langue correspondrait, à mon avis, à lui demander de faire abstraction d’une grande partie de son identité! Alors, comment espérer par la suite que les apprentissages qui lui sont proposés soient signifiants?

 De plus, je crois que l’on devrait aborder la compétence à l’orale dans l’optique où l’élève doit d’abord apprendre à structurer sa pensée pour la transmettre dans un langage cohérent, avant d’aborder  la question épineuse du registre de langage. Dans tous les cas, je crois qu’il est du devoir de l’enseignant de varier les situations d’apprentissage et d’évaluer les enfants dans des contextes naturels. En effet, un élève peut très bien maitriser son langage, mais être incapable de gérer sa nervosité lorsque vient le temps de parler en public. Donc, si toutes les évaluations se font dans ce genre de contexte, il sera forcément pénalisé et ses résultats ne seront pas représentatifs de ses compétences. Les dialogues en éthique et culture religieuse seraient, par exemple, un moment idéal pour travailler cette compétence ou tout simplement  lors des travaux d’équipe puisque ceux-ci sont très près de ce qu’ils auront à reproduire dans leur future profession. Il s’agirait ici que l’enseignant évalue à l’aide d’une grille d’observation les diverses interventions des élèves tout au long de l’année afin de bien évaluer l’évolution de ceux-ci. Le fait de varier les situations d’apprentissage est à mon sens, la meilleure façon de leur apprendre à s’adapter à différents contextes et de leur associer le bon registre. Sans oublier que le ton que l’enseignant prendra instaurera à lui seul le modèle à respecter. Ainsi, si celui-ci varie son langage et n’a pas peur de souligner ses propres erreurs, les enfants seront plus à l’aise de faire des expérimentations et pourront plus facilement diversifier leur langage et prendre conscience de leurs propres lacunes.

 

 

 

            En conclusion, je pourrais dire que la communication orale est au cœur de l’enseignement! Véhicule du savoir, il est non seulement l’outil principal de l’enseignant, mais aussi une façon pour les élèves d’affirmer leur identité! Si l’on veut que cette compétence soit développée adéquatement, il est important de prendre en considération la langue maternelle des enfants, et de varier les contextes dans lesquelles se feront les situations d’apprentissage et d’évaluation. La clé serait donc de leur montrer qu’il n’y a pas nécessairement de mauvais registres, mais plutôt qu’il existe un contexte approprié pour chacun d’eux. Développer leur fierté face à leur langue, mais aussi, leur assurance face à cette compétence. Puisque la langue d’une société est le reflet de son identité, il est bien de construire à partir du profil de notre classe. Miser sur la capacité de nos élèves à s’adapter aux divers contextes de la vie, car tout comme la société, la langue subit des variations avec les temps. Ainsi,  si l’on faisait le portrait de la langue québécoise dans vingt ou trente ans serait-il le même qu’aujourd’hui?