Projet pédagogique de télécollaboration

Contexte :

Ce projet pédagogique de télécollaboration s’inscrit dans le programme de formation de l’école québécoise au primaire et s’adresse plus précisément à la première année du troisième cycle. Puisque les élèves sont issus d’un milieu économique de classe moyenne à aisée, ceux-ci sont habitués de travailler avec des ordinateurs pour effectuer du traitement de texte, sont familiers avec la navigation web pour effectuer des recherches, sont habitués à faire du clavardage via Facebook ou sont capables d’utiliser un site web de publication de vidéos tels que YouTube. Ce scénario pédagogique est réalisable, étant donné que la classe a accès à un laboratoire mobile d’ordinateurs portables, à des tablettes tactiles et aussi parce que l’école bénéficie d’un réseau internet fiable et d’un bon soutien de la part de l’équipe technique.

Ce projet pédagogique vise une télécollaboration avec des classes de niveau équivalant à la cinquième année du primaire à Paris, en Guadeloupe et en Guyane. Le but de ce projet est de faire développer chez les élèves des compétences en lecture, en écriture ainsi que de les familiariser à l’utilisation de certains outils technologiques. Le projet s’insère dans un contexte de réseau littéraire sur le texte descriptif dans lequel les élèves pourront échanger sur des albums jeunesse en cercle de lecture avec des collègues à l’étranger. Au terme de ce projet, le produit final attendu sera la création d’un livre ou d’une BD numérique qui inclut des éléments du texte descriptif et qui respecte le schéma du récit en cinq temps.

Pour se faire, les quatre classes auront accès à un espace de web conférence prévu pour chaque équipe, un site web de création de livres ou de BD en ligne, un document Google Drive pour la rédaction collaborative en plus de pouvoir échanger sur les différents livres lus sur un blogue via un site internet créé préalablement par les quatre enseignantes et dans lequel les élèves de toutes les classes seront invités à déposer leur fiche et leur création.

Puisque les élèves présentent des signes évidents de démotivation quant aux apprentissages en lecture et en écriture, ce projet pédagogique de télécollaboration avec d’autres élèves ailleurs dans le monde est tout indiqué pour motiver le groupe en plus de rendre les apprentissages disciplinaires plus significatifs ainsi que de permettre le développement de compétences relatives à l’utilisation d’outils technologiques. Ce projet favorise donc l’interdisciplinarité et l’ouverture sur la réalité d’enfants d’âge similaire ailleurs dans le monde. Puisque la clientèle du groupe est issue d’un milieu socio-économique confortable, ce projet leur permettra de prendre conscience que la réalité de certains enfants ailleurs est différente de la leur ce qui pourra les inciter à apprécier leur quotidien et à leur donner le goût de s’investir davantage dans leurs apprentissages.

Solution :

Ce projet pédagogique de télécollaboration est tout indiqué dans ce contexte de classe, étant donné qu’il offre une grande variété de possibilités didactiques qui permettront la rencontre du programme de formation de l’école québécoise dans un contexte de différenciation pédagogique et signifiant pour les élèves. Les élèves pourront y acquérir de nombreuses connaissances et des compétences variées. En effet, puisqu’il implique l’utilisation des technologies qui sont, en général, très appréciées des élèves, ce projet pourra aider ce groupe démotivé à s’impliquer davantage dans leurs apprentissages et en ressortir enrichis autant d’un point de vue culturel et humain, qu’au point de vue des apprentissages.

En ce qui concerne les connaissances disciplinaires, ce projet touche principalement les compétences en français : Lire des textes variés, Écrire des textes variés et Apprécier des œuvres littéraires, puisque son intention pédagogique est d’amener les élèves, à la suite de lecture de textes descriptifs, à écrire un récit en cinq temps qui inclut des éléments descriptifs inspirés de la réalité de chacun des membres des équipes.

Dans un premier temps, les enseignantes présenteront aux élèves différents albums qui font appel au texte descriptif. Par la suite, les élèves seront appelés à sélectionner trois albums jeunesse en fonction de leurs intérêts. Ainsi, selon les choix des élèves, ceux-ci seront jumelés avec trois autres élèves qui présentent des intérêts similaires, dont un à Paris, un en Guadeloupe et un autre en Guyane pour former des équipes de quatre. Les quatre classes vont donc collaborer à l’élaboration d’un site internet représentant un réseau littéraire sur le texte descriptif qui inclura des albums jeunesse sélectionnés par les quatre enseignantes. (Il est possible de mettre sur le site internet certains extraits d’album pour ceux qui sont non accessibles dans les autres pays afin que tous les groupes aient accès aux mêmes albums.) Pour chaque album sélectionné, les équipes devront remplir une fiche descriptive qui contiendra une image représentative de l’histoire, sa référence bibliographique, quelques questions sur les personnages, les lieux, l’histoire ainsi qu’un résumé qui sera rédigé par les élèves. De plus, puisque les élèves ne se limiteront pas à la lecture d’un seul album, ils seront invités, individuellement, à écrire sur l’espace blogue du site internet leurs appréciations, leurs commentaires sur les albums qu’ils auront lus et pourront ainsi faire des échanges avec les élèves des quatre classes.

 

Lorsque les élèves auront lu leurs trois albums, ils assigneront une cote de préférence aux albums afin de déterminer lequel ils désirent approfondir davantage. Par la suite, les quatre enseignantes se consulteront pour former les équipes en fonction des intérêts des élèves. Ensuite, les élèves seront prêts à travailler en équipe via un espace de web-conférence (sur un logiciel tel que Zoom) en cercle de lecture afin d’échanger sur leur album et d’en faire des appréciations ainsi que des réactions. Après quoi, ils devront consigner leurs critiques et leurs appréciations et compléter la fiche descriptive prévue pour cet album sur le site internet. Cette fiche, ainsi que les réactions des élèves dans l’espace blogue du site web permettront donc aux différentes enseignantes de récolter de l’information sur la compréhension des élèves sur le texte descriptif ainsi que sur le schéma du récit en cinq temps en vue de les évaluer sur ces compétences. De plus, ces traces permettront aux enseignantes de préparer des enseignements explicites, des activités d’enrichissement, etc. au besoin ou de prévoir des moments de lecture guidée pour les élèves présentant des difficultés d’apprentissage.

Tout au long de ce projet, les élèves seront invités, lors de leurs discussions en web-conférence, à faire part et à décrire aux autres membres de leur équipe leur pays, leur école, leur réalité, leur quotidien, etc. Par la suite, chaque équipe sera invitée à créer une courte histoire qui respecte le schéma du récit en cinq temps et qui décrit une réalité d’élève fictif qui puise dans celle de chacun des membres de l’équipe via un document Google Drive. Par la suite, ils pourront, via un site internet tel que Pixton ou Book Créator, créer une BD ou un livre numérique avec leur histoire. (Il est bon de noter que les enseignantes prévoiront des moments d’enseignement et d’exploration de ces sites afin de soutenir les élèves dans leur choix ainsi que dans l’utilisation de ces outils) Ainsi, cette partie du projet permettra aux élèves de développer des compétences en écriture ainsi qu’en arts plastiques médiatiques et aux enseignantes de récolter de l’information pour l’évaluation des compétences suivantes : Écrire des textes variés et Réaliser des créations plastiques médiatiques. Lorsque toutes les équipes auront complété leur création, ils seront invités à la déposer sur le site internet et les membres de chaque équipe pourront présenter leur création à leur groupe respectif.

 

Il est bon de souligner que tous les échanges que les élèves vivront avec leurs collègues internationaux leur permettront de s’ouvrir sur de nouvelles cultures, de nouvelles réalités, etc. C’est pourquoi, à la fin du projet, les enseignantes des quatre classes pourront animer au sein de leur groupe, une discussion éthique sur les différentes réalités des élèves des quatre classes afin de faire ressortir les ressemblances et les différences dans le quotidien ou la réalité des enfants. Comme le groupe présente un grand niveau de démotivation, ces échanges avec d’autres enfants du même âge leur permettront de prendre conscience de leur réalité et d’ouvrir leur esprit sur celle des autres en plus de favoriser le développement de leur jugement critique et de leur compréhension du monde. Afin de rencontrer les exigences du programme de formation de l’école québécoise en éthique et culture religieuse au primaire et plus précisément la compétence : Réfléchir sur des questions éthiques, ces discussions amèneront les élèves à définir comment les différences entre les personnes peuvent être une source d’enrichissement. Les enseignantes pourraient également évaluer les élèves sur leur compétence au dialogue ou encore leur demander d’écrire une courte réflexion sur ce qu’ils retiennent de ce projet.

En plus d’acquérir de nouvelles connaissances disciplinaires, ce projet touche également les compétences transversales : Exercer son jugement critique, Mettre en œuvre sa pensée créatrice, Exploiter les technologies de l’information et de la communication, Coopérer et Structurer son identité du programme de formation de l’école québécoise.

Ce projet est donc innovateur étant donné que les élèves travailleront dans un espace numérique pour y réaliser des tâches inconnues d’eux dans un contexte d’apprentissage qui se ferait normalement au sein de la classe. De plus, certains de ceux-ci seraient impossibles à réaliser en dehors de ce projet qui fait appel aux technologies. Leurs compétences seront donc mobilisées pour développer de nouvelles connaissances en plus de respecter celles prescrites par le programme à l’étude. Ce projet s’inscrit dans une vision socioconstructiviste, car il favorise le travail collaboratif en plus d’ajouter le fait que les élèves pourront coconstruire avec des collègues dont ils n’auraient pas accès dans un cadre autre que celui présenté ici. En effet, sans cette approche de télécollaboration, les élèves ne pourraient pas s’ouvrir sur le monde de façon aussi contextuelle, aussi concrète et s’inspirer de coéquipiers d’une culture différente pour produire une cocréation numérique à une aussi grande distance. Ainsi, le fait de travailler en télécollaboration donne une valeur pédagogique ajoutée aux apprentissages, puisque les élèves ne se limiteront pas uniquement à la consommation passive des technologies, mais bien à faire une cocréation de contenu ainsi qu’une cocréation participative de connaissances. (Roméro, 2015) De plus, selon la taxonomie de Bloom, les élèves mobiliseront plusieurs processus cognitifs tels que : comprendre, appliquer, analyser, évaluer et créer en plus d’acquérir les types de connaissances suivants : factuelles, conceptuelles, procédurales et métacognitives. (Bloom, 2010) En plus de motiver un groupe qui ne s’investit plus dans ses apprentissages, ce projet permettra aux quatre enseignantes d’ouvrir les frontières de leur classe afin de donner un avant-goût aux élèves des possibilités que les technologies de l’information et de la communication peuvent leur offrir ou de ce que le marché du travail pourra exiger d’eux en termes de compétences à développer. *Pour une représentation complète des contenus disciplinaires développés et évalués dans ce projet ainsi qu’une suggestion d’albums jeunesse à utiliser dans le cadre de ce réseau littéraire, voir les annexes A et B.

 

Conclusion : [1]

 

Pour conclure, il est plus qu’évident que ce projet de télécollaboration est un contexte d’apprentissage tout indiqué pour ce groupe, puisqu’il favorise de nombreux apprentissages notamment en français, en arts plastiques et en éthique et culture religieuse. En plus de respecter les exigences du programme de formation de l’école québécoise, il offre aux élèves l’opportunité de s’ouvrir à de nouvelles cultures et de nouvelles réalités afin de nourrir leur bagage d’expériences personnelles et de les soutenir dans leur construction identitaire, dans leur représentation du monde qui les entoure ainsi que de favoriser le développement de leur jugement critique. Ce projet s’inscrit tout à fait dans une vision socioconstructiviste en plus de familiariser les élèves à de nouvelles technologies. L’utilisation exemplaire des TIC dans ce projet de télécollaboration apporte une valeur pédagogique ajoutée aux apprentissages prévus par le programme à l’étude. Finalement, ce contexte pédagogique est une solution idéale pour permettre à ces élèves de retrouver leur motivation et de s’investir dans leurs apprentissages, puisque ceux-ci seront plus significatifs.

 

 

 

RÉFÉRENCE :

 

 

Bérubé-Deschênes, N. et Duharme, I. (2018). Scénario pédagogique, travail dans le cadre du cours : Enseigner avec les technologies de l’information, TED3001. Université TÉLUQ.

Cantin, J. et Frigon, N. (2010). Taxonomie révisée de Bloom, Exemples de progression des processus cognitifs en intégrant les TIC. Récupéré de https://recit.org/bloom/Accueil

Gouvernement du Québec. (2019). Livres ouverts, Éducation et Enseignement supérieur. Récupéré de https://www.livresouverts.qc.ca/index.php

Gouvernement du Québec. (2001). Programme de formation de l’école québécoise. Québec : Ministère de l’Éducation.

Gouvernement du Québec. (2009). Progression des apprentissages, Arts plastiques. Récupéré de http://www.education.gouv.qc.ca/fileadmin/site_web/documents/education/
jeunes/pfeq/PDA_PFEQ_arts-plastiques-primaire_2009.pdf

Gouvernement du Québec. (2010). Progression des apprentissages, Éthique et culture religieuse. Récupéré de http://www.education.gouv.qc.ca/fileadmin/site_web/documents
/education/jeunes/pfeq/PDA_PFEQ_ethique-culture-religieuse-primaire_2010.pdf

Gouvernement du Québec. (2009). Progression des apprentissages au primaire, français langue d’enseignement. Récupéré de http://www.education.gouv.qc.ca/fileadmin/site_web/documents/
education/jeunes/pfeq/PDA_PFEQ_francais-langue-enseignement-primaire_2011.pdf

Romero, M. (2015, 4 décembre). Usages pédagogiques des TIC : de la consommation à la cocréation participative. Vitrine technologie éducation. Récupéré de https://www.vteducation.
org/fr/articles/collaboration-avec-les-technologies/usages-pedagogiques-des-tic-de-la-consommation-a-la

Stockless, A. (2019). Application des technologies et de l’information et de la communication en enseignement : notes de cours, DDD3650. Université du Québec à Montréal.

 

 


[1] Ce travail est inspiré d’un travail coproduit avec Natacha Bérubé-Deschênes dans le cadre du cours TED3001, Université TÉLUQ

 



[i] Éléments tirés du PFÉQ ainsi que de la progression des apprentissages au primaire (5e année)

[ii] Réseau littéraire trouvé sur le site : www.livresouverts.qc.ca